Dans certains pays africains notamment dans les milieux ruraux, de nombreux citoyens continuent de parcourir des dizaines de kilomètres chaque jour pour s’approvisionner en eau potable.
Paradoxalement dans les villes, en dehors des réseaux publics d’adduction d’eau auxquels les citadins sont abonnés, il existe un véritable marché lucratif de vente d’eau minérale sur lequel règnent en maître absolu des entreprises privées.
Au Bénin par exemple, elles sont une dizaine d’entreprises privées à opérer dans ce secteur juteux dont elles détiennent le quasi-monopole. Vendues dans des bouteilles en plastiques de 50 cl ou de 1,5 litres, ces eaux minérales ne sont cependant pas à la portée de toutes les bourses. Par ailleurs, le sort des déchets issus de ces bouteilles pose un réel problème environnemental et sanitaire car ils se retrouvent facilement dans les cours d’eau, les caniveaux à ciel ouvert, sur les berges lagunaires et maritimes, les décharges sauvages…
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Cette situation est due d’une part à l’insuffisance d’une politique efficace de tri et de recyclage des déchets, d’autre part à l’absence d’un cadre législatif qui définit clairement la Responsabilité Élargie aux Producteurs « REP » de ce secteur d’activité.
La REP, de quoi s’agit il ?
La Responsabilité Élargie aux Producteurs est « un principe selon lequel un producteur c’est-à-dire une entreprise qui émet sur le marché certains produits peut être rendu responsable de financer ou d’organiser la gestion des déchets issus de ces produits en fin de vie ».
En d’autres termes, cela veut dire qu’une entreprise est responsable des déchets issus de la production et de la commercialisation des produits qu’elle émet sur un marché, à la disposition des consommateurs.
La Responsabilité Élargie aux Producteurs repose donc sur le principe de « pollueur-payeur » qui stipule que « les frais résultants des mesures de prévention, de réduction et de lutte de la pollution doivent être pris en charge par le pollueur. »
Dans le cadre de la filière eau minérale, les entreprises de ce secteur participent à la pollution de l’environnement et doivent donc payer des taxes pour anticiper et lutter durablement contre cette pollution occasionnée par la consommation de leurs produits. Il en est de même des autres entreprises qui commercialisent les jus de fruits dans des emballages en verre, cartons, plastiques, aluminium, des boissons en canettes et autres produits nécessitant des emballages pour être commercialisés …
La Responsabilité Élargie aux Producteurs, une réponse à la lutte contre les déchets en Afrique ?
Face à la crise écologique mondiale, en Afrique les entreprises ne doivent plus se contenter d’émettre sur les marchés, des produits dans des emballages plastiques, en verre, carton, aluminium sans tenir compte des conséquences de leurs déchets sur l’environnement et la santé des citoyens.
Pour les y contraindre, il est important de doter les pays de dispositifs législatifs tels que la REP. La non-application de cette disposition entraînera des sanctions dissuasives.
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Par ailleurs, ces entreprises au lieu d’y voir une mesure répressive doivent y déceler des opportunités pour affirmer leurs engagements RSE. A cette occasion, elles peuvent :
- Sensibiliser les ménages au tri sélectif à travers des consignes de tri sur les emballages et des animations périodiques au cours de divers événements (journée de l’environnement, …)
- Contribuer au financement des startups, entreprises, associations ou les femmes qui collectent les emballages auprès des ménages,
- S’associer en éco-organismes pour organiser la collecte, le recyclage et la valorisation des emballages en verre, cartons, plastiques, aluminium,
- Encourager les consommateurs à respecter les consignes de tri à travers l’organisation de jeux concours,
- Eco concevoir les emballages,
- S’engager dans une démarche économie circulaire dans laquelle les déchets sont considérés comme des ressources à valoriser et non à rejeter dans la nature sans recyclage ni valorisation.
Ces quelques mesures permettront aux producteurs d’intégrer la lutte contre les déchets dans leur business model et de contribuer à la préservation de la biodiversité, à l’atteinte des objectifs de développement durable.
Et vous, que savez vous de la Responsabilité Élargie aux Producteurs ?
Aurelle Christelle Gnidehoue
Consultante Communication digitale, événementiel et RSE
Sources : Actu Environnement, Ministère de la transition écologique et solidaire