Actu-ecolo Le trafic illicite et la commercialisation de l’essence frelatée au bénin : un danger permanent pour la biodiversité lagunaire 15 juin 2016
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Prohibée mais tolérée et vendue au vu et au su des autorités politiques et gouvernementales, l’essence frelatée nourrirait des milliers de familles béninoises dans un pays où le SMIC est estimé à 40 000 FCFA soit environ 69 dollars US. Le trafic illicite et la commercialisation à ciel ouvert de cette qualité d’essence a encore de beaux jours en raison de la proximité du Nigéria qui subventionne l’essence produit sur son territoire ainsi que la situation socio-économique que traverse le Bénin depuis des décennies.

Installés aux abords des voies publiques des villes du pays, ces commerçants de l’informel livrent pourtant une concurrence déloyale aux stations d’essence agrées qui malheureusement commettent le péché de vendre parfois à prix d’or le précieux sésame à des populations au faible revenu. Si la présence de ces stations ambulantes dans les villes dérange d’un point de vue esthétique et sanitaire, elle pose également de sérieux problèmes sécuritaires, économiques et écologiques.

En effet, dans la nuit du 30 au 31 Octobre 2015755 boutiques de pièces détachées au grand marché de Dantopka à Cotonou ont été consumées par les flammes à cause d’un camion remplit de bidons d’essence frelatée localement appelée « kpayo ». Au-delà de la pollution atmosphérique générée par cet incendie d’une ampleur rare, ce sont 200 commerçants qui ont perdu cette nuit leurs biens de toute une vie. Ce drame, qui n’est pas isolé, continue d’exposer le pays et ses habitants à d’énormes risques tant économiques, sociaux qu’environnementaux.

En effet, huit mois après l’incendie du secteur pièces détachées du marché Dantopka, un des plus grands marchés à ciel ouvert d’Afrique de l’Ouest, c’est un autre drame important que le trafic illicite de l’essence frelatée a livré cette fois ci dans le 5ème arrondissement de Porto Novo, à Louho dans la capitale du Bénin. Très tôt dans la matinée de ce dimanche 12 Juin 2016 aux environs de 8h 30 minutes, ce sont plus de cent mille litres d’essence frelatée qui ont été déversés dans la lagune de Porto Novo par le conducteur d’une embarcation. Le drame serait survenu lorsque que ce dernier avait voulu mettre en marche le moteur de son embarcation créant au passage un immense incendie que les pompiers ont eu de la peine à maîtriser.

Ce nouveau désastre causé par l’essence frelatée pose à nouveau l’épineuse problématique des impacts de cette activité sur l’environnement. Pour cause, l’infiltration de l’essence dans les sols expose les nappes phréatiques à la contamination au plomb, cette substance toxique pour l’environnement. De même, le déversement de l’essence dans les cours d’eau pollue ces derniers au même titre qu’il défigure leurs berges et leur biodiversité remarquable.  Face à cette situation alarmante, faut-il continuer de fermer les yeux sur ce commerce illicite au motif qu’il permet à de nombreuses familles de se procurer leur pain quotidien ? Partant du principe que « Le pollueur doit payer », quelles mesures sont réellement mises en place pour que les responsables de ces méfaits réparent leurs préjudices sur la biodiversité lagunaire dans son ensemble ? Quelles actions sont menées à l’endroit des gros commerçants d’essence de cette qualité pour que ces derniers régularisent leurs activités et prennent en compte les risques environnementaux qu’ils font courir à toute une biodiversité ?

Ce sont autant de questions auxquelles des réponses franches et mûries méritent d’être apportées afin d’éviter d’éventuels désastres écologiques due au trafic et à la vente d’essence frelatée au Bénin.

Une embarcation transportant  des bidons d’essence frelatée sur la lagune de Porto-Novo, Bénin

 

Aurelle Christelle Gnidehoue

Consultante Communication digitale, événementiel et RSE