Les récentes inondations survenues en Afrique occidentale (Bénin, Niger, Nigeria, Sierra Leone, …) avec leurs lots de conséquences dramatiques (pertes en vie humaines, dégâts matériels, déplacements de populations, destruction des maisons et des récoltes,) doivent emmener les états, les urbanistes, les collectivités territoriales à repenser en profondeur l’urbanisation de nos villes.
Face à la croissance démographique exponentielle du continent et aux aléas du changement climatique, il urge de se poser des questions telles que :
- Dans quelles villes souhaitons-nous vivre ?
- Faut-il continuer de laisser les villes sortir de terre comme des champignons ?
- Faut-il fermer les yeux sur l’installation anarchique des populations ?
- Faut-il construire en vertical ou favoriser la progression de l’étalement urbain ?
Répondre concrètement à cette liste non exhaustive de questions peut s’avérer un début de solutions aux problèmes d’urbanisation dont sont souvent victimes les populations les plus vulnérables de nos sociétés.
L’étalement urbain : un piège pour les villes africaines ?
Symbole apparent de réussite sociale, la propriété immobilière est un rêve que chérit la plupart des actifs en Afrique. Véritable marqueur social, ce désir ardent d’acquérir une parcelle de terre et de construire sa propre maison n’est pourtant pas sans conséquences sur le développement des villes.
En effet, ce rapport à l’habitat respecte rarement les règles élémentaires d’urbanisme car il est l’une des sources de l’étalement urbain, de l’artificialisation et de l’imperméabilisation des sols, la disparition des campagnes, l’émiettement des terres cultivables, les inondations, les pertes de la biodiversité, …
Au regard de ces conséquences, affirmer que l’étalement urbain est un piège pour les villes africaines ne serait pas exagéré car il favorise le développement anarchique des cités sans aucune vision durable.
D’ici 2050, l’Afrique abritera un quart de la population mondiale soit près de 2 milliards d’âmes selon l’ONU. Cette statistique loin d’effrayer doit inciter les décideurs à inscrire les projets de développement des villes et même des centres péri-urbains et ruraux dans une démarche durable.
Les villes verticales et intelligentes, des alternatives durables à la ville étalée ?
Contrairement à la ville étalée qui promeut la construction de maisons individuelles à perte de vue sur des milliers d’hectares de terres, la ville verticale prône la construction d’immeubles (en hauteur) pouvant accueillir des dizaines de familles dans un même bâtiment.
Cependant, si cette architecture favorise une occupation rationnelle du sol, il est indispensable de sensibiliser les citoyens sur ce changement de paradigme en raison du fait que dans nos contextes africains, la propriété individuelle reste encore la valeur la mieux partagée.
Pour autant, face aux enjeux du développement durable, il ne suffit plus de promouvoir des villes verticales mais également des villes intelligentes qui intègrent le numérique dans la valorisation des services publics, les transports en commun, la gestion des déchets, l’agriculture urbaine et péri-urbaine, les centres culturels et surtout qui donnent à la nature, une réelle place.
C’est ce défi que doivent relever les décideurs et les urbanistes dans le respect des règles de planification urbaine.
Et vous ? En tant que citoyens, comment imaginez- vous les villes de demain en Afrique ?
Aurelle Christelle Gnidehoue
Consultante Communication digitale, événementiel et RSE
Crédit photos : Pixabay
Source : Le Monde Afrique