Actu-ecolo Probo koala, le navire poubelle qui importa la mort et une crise environnementale à abidjan en 2006 24 août 2016
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L’évocation du nom de ce cargo tristement célèbre inspire encore douleur et amertume dans l’esprit de bon nombre d’Abidjanais. La cause : il y a dix ans, la société de négoce britannique Trafigura en partenariat avec Tommy, une entreprise ivoirienne spécialisée dans le traitement des déchets toxiques déversaient à l’air libre 550 tonnes de déchets toxiques essentiellement constitués des dérivés de pétrole sur dix sept sites autour d’Abidjan ainsi qu’à Akouédo, une commune située à l’Est de la capitale ivoirienne.

Ce matin du 19 Août 2006, les habitants des quartiers avoisinant ces décharges s’étaient réveillés dans une atmosphère lourdement puante en raison de l’oxyde de sodium et de l’hydrogène sulfuré dégagés par les déchets toxiques déversés dans la nuit par des camions poubelles des sociétés susnommées.

Le bilan officiel de cette catastrophe écologique et sanitaire s’élevait à 17 morts, près de 40 000 personnes intoxiquées et de nombreux sites pollués selon des sources officielles. Dix ans plus tard, les populations concernées portent encore des stigmates de ce drame. Certains habitants des sites concernés se plaignent encore des nausées, des diarrhées, des démangeaisons de la peau, des infections oculaires, de violents maux de tête et de ventre. D’autres gardent toujours des boutons sur le corps. Selon le ministère de la santé de la côte d’Ivoire, le taux de cancer a fortement augmenté dans les zones touchées et des cas de malformation à la naissance sont également enregistrés.

Une décennie après, le cauchemar continue pour la grande majorité des victimes et leurs familles qui attendent toujours d’être dédommagées. En effet, à l’issue du procès contre la société Trafigura, cette dernière avait été condamnée à verser 152 millions d’euros à l’état ivoirien pour que ce dernier nettoie les sites pollués et indemnise les victimes. Par ailleurs, en contrepartie, toutes les poursuites contre cette société britannique seraient abandonnées. Chaque victime reconnue devait recevoir une somme de 750 000 FCFA soit 1140 euros.

Malheureusement, comme l’a déploré Maître Drissa Traoré, avocat et vice-président de la FIDH, « cet argent n’a pas servi uniquement aux victimes ». Certains se sont d’ailleurs même fait arnaquer aux mépris de toute humanité et solidarité. Ainsi dans cette triste histoire, les populations et la biodiversité comme à l’accoutumé sous nos tropiques demeurent les véritables perdants ; seuls quatre personnes ont été condamnées dans cette affaire.

Le Probo Koalagate doit interpeller la conscience de tous notamment des opérateurs économiques ainsi que des responsables politico-administratifs quant au respect de la vie humaine et de l’environnement.

L’Afrique ne doit plus continuer d’être la poubelle du monde à l’heure actuelle où les conséquences du réchauffement climatique n’épargnent plus aucune nation de notre planète commune. Il est donc indispensable de renforcer le contrôle des produits qui entrent sur les territoires africains afin d’éviter de tels drames, de préserver la santé des populations et l’intégrité de la biodiversité.

 

Aurelle Christelle Gnidehoue

Consultante Communication digitale, événementiel et RSE