Dire que certains quartiers de Cotonou s’apparentent à une vaste décharge à ciel ouvert ne serait pas exagéré face aux problèmes de gestion des déchets solides ménagers que connaît cette ville vitrine du Bénin. En effet, des quartiers comme Ladji, Agla, Avotrou, yénawa ou encore kpankpan sont tristement célèbres pour l’insalubrité de certaines de leurs rues, caniveaux et abords de berges jonchés d’ordures ménagères indifférenciées.

Si cette situation préoccupe l’actuel gouvernement qui en a fait une priorité dans son programme d’actions « PAG » , il est indispensable que les populations soient concrètement impliquées dans cette démarche de développement durable des communes. C’est le gage de la réussite d’une politique comprise et appropriée durablement par cette cible.

En revanche, un point d’honneur doit être davantage mis sur l’éducation et la sensibilisation des populations de même que sur la communication responsable à l’endroit de ces dernières et des entreprises implantées dans ces territoires.

L’éducation à l’environnement, un défi majeur pour le développement durable des villes

« Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne » avait dit Victor Hugo. Je paraphraserai cette citation en disant que chaque citoyen qu’on éduque et sensibilise à la préservation du cadre de vie est un éco- citoyen qu’on façonne. C’est également un futur décideur sensibilisé et capable de mettre la protection de l’environnement au cœur de sa gouvernance.

L’éducation à l’environnement et au développement durable est la clé de l’émergence d’une société écologiste dans laquelle les citoyens développent spontanément des réflexes et gestes écoresponsables. Pour atteindre cet idéal, l’éducation à l’environnement doit être pleinement intégrée dans les programmes scolaires et universitaires. Comme exemples de cours : l’éducation et la sensibilisation au tri sélectif à la source, la formation au compostage des déchets biodégradables, l’apprentissage des gestes quotidiens pour maintenir son cadre de vie propre, la limitation de la consommation d’énergie, la place de la nature en ville. Des jardins pédagogiques peuvent être également créés dans les écoles pour apprendre aux enfants à cultiver des produits bio et se familiariser avec la nature.

En finir avec les emballages plastiques non recyclés

Les emballages plastiques constituent un véritable danger pour les océans, les cours d’eau, les berges, les forêts. Une fois utilisés, ils finissent pour la plupart dans ces milieux naturels qu’ils polluent. Pour agir durablement sur cette invasion des milieux naturels par les déchets plastiques, il est important d’inciter juridiquement les entreprises à intégrer des consignes de tri sélectif et de recyclage des emballages dans leur business model. Il ne suffit pas de vendre des bouteilles d’eau minérale, de jus de fruits, shampoings et autres produits dans ces contenants sans prendre en compte les conséquences de leur fin de vie sur l’Homme et la nature. Il faut impérativement penser à leur gestion, leur recyclage et leur valorisation. La responsabilité des entreprises exerçant dans ce domaine est pleinement engagée.

Partant du fait que les déchets des uns peuvent devenir des ressources ou matières premières secondaires pour les autres, il serait intéressant de développer des synergies entre entreprises afin d’économiser les coûts d’achat et d’approvisionnement des matières premières brutes qui entrent dans la fabrication de ces emballages, de maîtriser leur processus de recyclage et de valorisation en d’autres produits ou emballages.

C’est en cela que réside le bien fondé de créer des fédérations et organismes de professionnels des emballages tels que FEDEREC , ECO EMBALLAGES , PAPREC ou encore ECOFOLIO qui regroupent en leur sein des entreprises spécialisées dans le recyclage des emballages et des papiers en France.

Il est important que la responsabilité élargie aux producteurs soit également définie afin de maîtriser la fabrication, la commercialisation et la valorisation des emballages, intégrer le principe d’éco-conception depuis la fabrication des emballages jusqu’à leur fin de vie.

Promouvoir le développement durable dans les villes reviendra aussi à :

1. Rendre obligatoire l’abonnement des ménages auprès des services de collecte et de ramassage des ordures ménagères ;
2. Faire entrer pleinement la nature dans les villes en mettant en œuvre une politique efficace de reboisement surtout des centres urbains ;
3. Développer les transports en commun, la mobilité douce, le covoiturage, l’autopartage, …
4. Activer l’économie circulaire sur les territoires,
5. Créer une cartographie des quartiers de villes touchés par les problèmes d’insalubrité,
6. Recenser à travers une cartographie, des points de collecte des déchets notamment des emballages plastiques, verres, papiers à recycler,
7. Développer dans les territoires, des applications mobiles dédiées à la gestion des déchets afin d’accompagner les municipalités et les citoyens dans leur politique de gestion durable des déchets,
8. Développer l’agriculture urbaine biologique grâce à la fabrication et à la commercialisation du compost à prix abordable pour les maraîchers et les ménages,
9. Limiter l’enfouissement des déchets solides ménagers en créant des centres de traitement, de recyclage et de valorisation opérationnels,
10. Subventionner et encourager les initiatives et actions visant à offrir aux citoyens un cadre et vie durable.

Cette liste de propositions n’est pas exhaustive. Elle donne quelques pistes pour enrichir la réflexion sur la gestion durable des collectivités territoriales. Une bonne politique de gestion des déchets permet non seulement d’assainir le cadre de vie des citoyens mais aussi de créer des emplois non délocalisables. Cela favorisera la lutte contre le chômage des jeunes et leur exode vers un El Dorado incertain…

#Villes Durables, #Villes Vivables #Communication Responsable

Aurelle Christelle Gnidehoue

Consultante Communication digitale, événementiel et RSE